Depuis le début de la crise sanitaire, la population française a dû changer ses habitudes de communication et d’interaction. Les étudiants sont particulièrement touchés par le manque de liens sociaux.
« Les liens sociaux sont maintenus à l’aide d’outils numériques… »
Photo de Vlada Karpovich provenant de Pexels
Les liens sociaux sont mis à rude épreuve durant cette pandémie mondiale. La situation ne permet pas de côtoyer réellement sa famille et ses amis. Il faut s’adapter pour éviter l’isolement. Les outils numériques sont d’une grande aide pour surmonter cette épreuve, notamment les réseaux sociaux. Selon l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse), le trafic internet des foyers français a augmenté de 30% lors du premier confinement. En mars et avril 2020, la consultation des réseaux sociaux a respectivement augmenté de 121% et 155%, comparé à 2019.
Le lien social est maintenu à l’aide d’outils numériques tels que Messenger ou WhatsApp, des réseaux sociaux qui permettent d’échanger des messages instantanés, d’appeler ou encore de faire des visios avec ses proches. La tendance “apéro visio”, réalisable grâce à ces outils, a d’ailleurs eu un franc succès. Selon un sondage mené sur 600 personnes et réalisé par Travelinsight en juin 2020, 86% des sondés trouvent que les réseaux sociaux ont permis de garder un lien social avec leurs proches durant le premier confinement. De plus, Travelinsight montre qu’une fois celui-ci terminé, 77% des sondés utilisent toujours autant les réseaux sociaux.
Les réseaux sociaux ne sont pas les seuls à jouer un rôle dans le maintien du lien social, les jeux vidéo font également beaucoup parler d’eux. Très souvent jugés comme vecteur d’exclusion sociale, la pandémie a changé l’opinion publique, qui considère de plus en plus les bienfaits des jeux vidéo. Une étude réalisée en 2020 par le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL) va dans ce sens : un tiers des sondés disent avoir gardé un lien social avec leurs proches grâce aux jeux vidéo, notamment ceux en ligne. Le site de service de streaming vidéo Twitch est d’ailleurs en plein essor depuis mars 2020. Il est possible d’y suivre des parties de jeux vidéo réalisées par des joueurs en direct, accompagnées d’un chat permettant aux internautes de les commenter. A travers son utilisation concernant les jeux vidéo, Twitch est une véritable plateforme créatrice de liens sociaux, où des communautés ayant les mêmes centres d’intérêts ont pu voir le jour. Selon StreamElements et Arsenal.gg, l’audience a augmenté de 50% en mars et avril 2020. Son essor fulgurant montre à quel point les outils numériques ont une importance durant cette pandémie mondiale. Ils ont permis de maintenir un lien social, même si le virtuel ne remplacera jamais le réel.
Les plateformes sont devenues les théâtres d’une expérience collective
Gustavo Gomez-Meija, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, partage son avis sur l’évolution des outils numériques, plus particulièrement des réseaux sociaux, durant la pandémie.
Le confinement a-t-il engendré une nouvelle façon d’utiliser les réseaux sociaux ?
«Puisque nous vivons dans les écrans, peut-être ? Les plateformes sont devenues les théâtres d’une expérience collective : la dimension “sociale” des écrans se joue et se rejoue chaque fois que nous écrivons et que nous échangeons, chaque fois que le “fil” s’actualise. J’imagine que ces interactions simultanées (menant jusqu’à la fatigue) se sont intensifiées entre 2020 et 2021.»
Les réseaux sociaux ont-ils sauvé vos confinements ?
«Pas vraiment. Je garde une impression mitigée. Je pense à l’expérience anxiogène du suivi quotidien des « courbes » de victimes. D’autre part, ce sont plutôt les pratiques créatives des internautes qui m’ont consolé, comme des boucles tiktokesques. Avec une consœur colombienne, nous avons même archivé une collection de chansons latino-américaines consacrées à la pandémie.»
Les confinements ont-ils changé votre manière d’utiliser les réseaux ?
«Mes consultations de Twitter ont sans doute été un peu moins furtives durant les confinements, ce qui m’a permis d’approfondir du contenu viral. L’empreinte du confinement était beaucoup plus intense sur WhatsApp, grâce à l’activité de groupes familiaux ou d’amis. En tant que chercheur, cela fait longtemps que je consulte les réseaux – dès que j’ai une pause – pour suivre des discours et des pratiques culturelles qui m’intéressent. J’ai commencé à faire des captures d’écran sur Myspace en 2006 et depuis, je n’ai jamais arrêté.»
Par Tiphaine Meriot, Solène Dantoing & Justine Wallart
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