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WhatsApp passera-t-elle à la trappe ?

Depuis le scandale du partage des données personnelles avec Facebook, WhatsApp perd de nombreux utilisateurs au profit de ses concurrents Signal et Telegram.

Janvier 2021. La rumeur se répand comme une traînée de poudre. WhatsApp partagera bientôt les données utilisateurs avec sa maison mère Facebook. Depuis, les applications américaine Signal et russe Telegram ont respectivement gagné plusieurs millions d’utilisateurs. Pour ne rien arranger, de grands noms du numérique comme Elon Musk et Edward Snowden ont appelé à quitter l’application au logo vert pour le bleu de Signal.

En ce qui concerne l’Union européenne, les nouvelles conditions d’utilisation ne peuvent pas être imposées aux particuliers européens, grâce au règlement général sur la protection des données (RGPD). Contrairement aux Etats-Unis, WhatsApp ne pourra pas supprimer le compte des utilisateurs européens qui refusent les nouvelles règles de partage de données. Mais la confiance dans le groupe Facebook est bien entamée et le public, européen inclus, se méfie. Les scandales n’ont rien arrangé, comme l’affaire Cambridge Analytica, une startup spécialisée dans la communication politique avec laquelle Facebook a partagé les données de plusieurs millions d’abonnés. Ce nouveau coup de canif de Mark Zuckerberg dans le contrat du respect de la vie privée avait déjà été dénoncé par Jan Koum. Le patron et cofondateur de WhatsApp avait quitté le groupe en 2018 suite à des désaccords.

Récapitulatif des forces en présence

Racheté par Facebook en 2014, WhatsApp reste le leader des applications de messagerie. Elle revendiquait 2 milliards d’utilisateurs fin 2020. A la même date, Signal et Telegram n’en avaient respectivement que 40 et 500 millions. Chez WhatsApp et Telegram, interfaces et fonctionnements sont très proches. Il ne faut pas beaucoup de temps pour s’y adapter. La principale différence vient du fait que, contrairement à sa concurrente, l’application russe ne propose pas de crypter les conversations de groupe et les appels (ce qui permettrait de les rendre illisibles par un observateur extérieur). C’est uniquement possible pour le tchat à deux, et encore, ce n’est pas automatique : il faut sélectionner manuellement l’option “nouvel échange secret” pour que la conversation soit sécurisée. Signal ne déroutera pas non plus les nouveaux usagers, même si l’interface est plus minimaliste et affiche, par exemple, moins de couleurs. Toutefois, gif et autres stickers sont bien présents. Son principal inconvénient est le nombre d’utilisateurs, pour le moment restreint.

A noter que toutes ces applications sont utilisables sur ordinateur. Telegram est très pratique pour échanger des fichiers relativement légers et faire des appels visio. Mais cette version-là n’est pas du tout cryptée. Il est également possible d’utiliser WhatsApp sur ordinateur, mais seulement si le smartphone est à proximité.

Les différences entre les trois applis

 WhatsAppTelegramSignal
Open sourcePartiellement (uniquement pour la partie cryptage)PartiellementOui
CryptageComplètement cryptéTchat à 2 uniquement
(Option à activer manuellement)
Complètement crypté
FinancementVersion premium payante, pubs, financement de FacebookFinancement du créateur Prochainement : options payantes et pubsDons des utilisateurs
Données personnelles récupéréesOui :
Nom,
numéro de téléphone,
contacts,
informations du profil,
données diffusées sur les groupes professionnels,
emplacement géographique, fréquence d’interaction
Oui :
Nom,
numéro de téléphone,
contacts,
informations du profil,
adresse IP
Non
Source : informations déclaratives des applications

Quel avenir pour WhatsApp ?

logo WhatsApp-téléphone vert
Photo by Alexander Shatov on Unsplash

Face au mécontentement des utilisateurs, WhatsApp a décidé de repousser de trois mois l’application de ses nouvelles conditions générales d’utilisation. Le temps de rassurer le public sur la gestion des données personnelles. Mais de nombreuses personnes sont déjà parties vers une autre application. Certaines ont déclaré ne pas vouloir revenir sur WhatsApp, quoi qu’il arrive. Les utilisateurs se sont sentis trahis par la décision de Facebook de récolter leurs données pour ses annonceurs. WhatsApp sera probablement marqué longtemps par cette image négative. Pour autant, les habitudes ont la vie dure. Il faudra du temps au grand public pour se détacher des services de Facebook, largement répandus. Certains experts prévoient qu’à l’avenir, les utilisateurs cumuleront deux applications de discussions. L’une ne collectant pas ou très peu de données personnelles pour les discussion sensibles ou professionnelles et WhatsApp, qu’ils conserveront pour les discussions sans risque.

Par Richard Lefin & Maximilien Molet

La version audio de l’article c’est ici!

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